Minute Culture : les ronds-points ou l’art de bien tourner !

Ils sont incontournables (c’est le cas de le dire), ces milliers de ronds-points ou de carrefours giratoires dans nos villes et nos campagnes. Ils fleurissent sur nos routes à notre grand désespoir, mais cependant, ils sécurisent le réseau, comme le défendent les « aficionados » de ces « attributs » routiers.
Un peu d’histoire
Le rond-point est apparu en 1907, son but premier était de limiter les accidents hippomobiles au vu de la hausse du trafic en voitures à cheval (et des premières automobiles) en adaptant des infrastructures et des axes de circulation plus anciens. Ces espaces circulaires existaient déjà depuis longtemps et servaient à la convergence de chemins ou de voies, en forêts, notamment.
La raison en était simple : faire tourner les véhicules en cercle sur ces espaces afin d’éviter les croisements dangereux. Ce n’est qu’en 1970, que le rond-point va se généraliser en France, avec la priorité à droite.
Le renouveau des ronds-points « version anglaise »
- Les « round about » sont apparus dans les années 1950-1960, en Angleterre : la priorité est donnée à la voie principale (en effet, la priorité à droite n’existe pas).
- Ce rond-point à l’anglaise s’exporte en France et le premier voit le jour à Quimper en Bretagne en 1976 où la priorité est donnée à l’axe principal (et non aux entrants). La tendance se généralise dès 1983.
La France, élue « championne du monde » des ronds-points
Quelques explications :
- C’est la première loi de décentralisation, en 1983 (où les compétences d’urbanisme passent aux mains des mairies) qui va changer la donne. Tous les élus veulent leurs ronds-points !
- Les régions s’urbanisent (nouveaux quartiers, zones commerciales…) et donc, on aménage à tout va des carrefours giratoires pour y accéder.
On comptait déjà plus de 12 000 ronds-points en 1984… pour en arriver, à 65 000 aujourd’hui, soit 5 fois plus qu’en Allemagne, à titre d’exemple.
Néanmoins, il faut prendre en compte des critères typiquement français pour moduler ces chiffres : 1 million de kms de routes (5 en Europe), un réseau routier très dense, une alternative moins chère et plus efficace que les feux tricolores.
Le marché lucratif du rond-point
La construction des ronds-points a un impact sur les finances publiques (près de 6 milliards d’euros) dont 2 milliards consacrés à la décoration de ces ouvrages urbains ou péri-urbains. De facto toute une économie de décoration s’est développée autour de ces « objets routiers », plus ou moins grands, aux formes parfois déroutantes où les coûts peuvent s’envoler à plusieurs centaines de milliers d’euros ; quelques exemples : des vaches, des corbeilles en rotin pleines de fleurs, des mains et des plumes, des cabines de plage… il y en a pour tous les goûts.
La sécurité routière est la priorité
Il est indéniable que l’installation d’un rond-point fait fortement chuter les accidents, sur des tronçons routiers fortement fréquentés, surtout à grande vitesse. Un chiffre : transformer un carrefour classique en carrefour giratoire a pour conséquence une baisse de 41% des accidents corporels.
Le hic : 93% des personnes interrogées ne savent pas où se placer dans un rond-point ! Et vous ?
Rond-point : quelques rappels utiles
- Carrefour giratoire : il est demandé de céder la priorité à gauche et aux conducteurs déjà engagés (invention anglaise) ; il est matérialisé par un panneau bleu avec 3 flèches blanches.
- Rond-point : il fonctionne sous le régime de la priorité à droite, comme partout en France (enfin presque).
Bonne route et vigilance aux ronds-points, qui n’ont plus de secrets pour vous !