Climat : 200 pays aux abonnés absents, la planète en sursis
![Climat : 200 pays aux abonnés absents, la planète en sursis](/sites/default/files/styles/1200/public/2025-02/terre_sous_l%27eau.jpg)
Près de dix ans après l'Accord de Paris, une situation préoccupante émerge : près de 200 pays n'ont pas remis leur nouvelle feuille de route climatique à l'Organisation des Nations unies (ONU). Cette absence de mise à jour compromet les efforts globaux pour atténuer les effets du changement climatique et pose des questions sur l'engagement réel des nations envers leurs promesses initiales.
L'importance des Contributions Déterminées au niveau National (CDN)
En 2015, lors de la Conférence de Paris sur le climat (COP21), les nations du monde se sont engagées à soumettre régulièrement des plans nationaux, appelés Contributions Déterminées au niveau National (CDN), détaillant leurs stratégies pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et lutter contre le changement climatique. Ces plans sont essentiels pour atteindre les objectifs fixés par l'Accord de Paris, notamment limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, avec un effort pour ne pas dépasser 1,5°C.
Les CDN reflètent les ambitions nationales en matière de climat et sont censées être révisées et renforcées tous les cinq ans, conformément au mécanisme de "cliquet" de l'Accord de Paris, qui vise à encourager une ambition croissante au fil du temps.
La soumission régulière de ces plans est cruciale pour plusieurs raisons :
- Transparence et responsabilité : les CDN permettent de suivre les engagements de chaque pays et d'évaluer les progrès réalisés.
- Coordination internationale : elles facilitent la coopération entre les nations en identifiant les domaines nécessitant une assistance technique ou financière.
- Signal politique : la soumission d'une CDN démontre l'engagement d'un pays envers l'action climatique, envoyant un message fort aux autres nations, aux investisseurs et au public.
Les raisons de la non-soumission
Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi tant de pays n'ont pas soumis leurs nouvelles CDN :
- Manque de ressources : de nombreux pays en développement manquent de capacités techniques et financières pour élaborer des plans climatiques détaillés.
- Instabilité politique : les conflits internes ou les transitions politiques peuvent retarder la planification climatique.
- Priorités concurrentes : des crises économiques ou sanitaires, comme la pandémie de COVID-19, ont pu détourner l'attention des gouvernements de la question climatique.
- Manque de volonté politique : dans certains cas, les gouvernements peuvent ne pas percevoir le changement climatique comme une priorité urgente.
Selon une base de données de l'ONU, seuls 10 signataires de l'accord de Paris ont soumis leur stratégie actualisée de réduction des gaz à effet de serre d'ici à 2035 avant la date limite du 10 février. Le Royaume-Uni, la Suisse ou encore le Brésil ont bien déposé leur plan. En revanche, la Chine, l'Inde ou l'Union européenne manquent à l'appel. Par ailleurs, compte tenu de la réélection de Donald Trump, qui a annoncé un nouveau retrait de son pays de l'accord de Paris, le plan déposé par les Etats-Unis sous l'administration Biden, sera sans doute annulé.
Conséquences de cette inaction
L'absence de nouvelles CDN a des implications significatives :
- Risque d'inaction collective : si un grand nombre de pays ne soumettent pas leurs plans, cela peut créer un effet domino, incitant d'autres à retarder ou à réduire leurs propres ambitions.
- Aggravation des impacts climatiques : sans actions coordonnées et ambitieuses, le monde est sur une trajectoire de réchauffement bien supérieure à 2°C, ce qui entraînera des conséquences catastrophiques, notamment des événements météorologiques extrêmes, une élévation du niveau de la mer et des perturbations des écosystèmes.
- Perte de crédibilité : l'Accord de Paris repose sur la confiance mutuelle. Le non-respect des engagements compromet la crédibilité de l'accord et la coopération internationale.
Appels à l'action
Face à cette situation alarmante, plusieurs acteurs appellent à une action urgente. Le Secrétaire général de l'ONU a exhorté les pays à soumettre leurs CDN sans délai et à augmenter leur ambition climatique. Des organisations non gouvernementales et des mouvements citoyens plaident pour une pression accrue sur les gouvernements afin qu'ils respectent leurs engagements. Enfin, les entreprises et les investisseurs privés demandent des politiques claires pour orienter leurs décisions et favoriser une transition vers une économie bas-carbone.
Le rôle des pays développés
Les nations développées ont une responsabilité particulière dans ce contexte. Non seulement elles doivent montrer l'exemple en soumettant des CDN ambitieuses, mais elles doivent également soutenir les pays en développement en fournissant des financements, des technologies et du renforcement des capacités. Lors de la COP29 à Bakou, un engagement a été pris pour mobiliser 300 milliards de dollars par an d'ici dix ans afin d'aider les pays en développement à faire face aux défis climatiques.
La non-soumission des nouvelles feuilles de route climatiques par près de 200 pays constitue une menace sérieuse pour les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique. Il est impératif que les nations respectent leurs engagements, renforcent leur ambition et collaborent pour assurer un avenir durable à la planète. Le temps presse, et l'inaction n'est plus une option.