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GIEC : que préconise le 3e volet du rapport ?

Laura J. Publié par Laura J. - le 11 avr. 2022 à 17:12
GIEC : que préconise le 3e volet du rapport ?

Le lundi 4 avril, le groupe d’experts du climat composant le GIEC a publié le troisième volet de son 6e rapport. Alors que dans les autres documents, les scientifiques fournissaient aux décideurs politiques et à la communauté civile une analyse des conséquences des activités humaines sur la planète et une série de différents scénarios, cette version-ci a pour but de présenter des pistes de changement afin de pallier les bouleversements inévitables qui pourraient nous attendre à plus ou moins brève échéance. Nous évoquons quelques-unes des suggestions principales ici.

Rappelons quels sont les objectifs

Ceci n’est désormais plus un secret pour personne, pour limiter le changement climatique et la hausse des températures attendues au fil du 21e siècle, les êtres humains vont devoir réduire de façon drastique leur usage des combustibles fossiles (pétrole, gaz, etc.) et se tourner vers des modes de consommation plus responsables.

Vous le savez peut-être, l’objectif est de limiter le réchauffement planétaire à 1.5°C d’ici 2050 (par rapport aux températures enregistrées depuis 1850). Pour cela, les changements devront être immédiats, puisque d’après les experts, nous ne disposons plus que de 8 années pour inverser la cadence. Hoesung Lee, le président du GIEC annonce :

« Nous sommes à la croisée des chemins. Les décisions que nous prenons maintenant peuvent garantir un avenir vivable. Nous disposons des outils et du savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement. »

Quelles sont les suggestions du 3e volet ?

Voici quelques-unes des pistes que les experts ont soulevées dans leur rapport, et qu’il est nécessaire de mettre en place dès à présent :

  • Miser sur les énergies renouvelables dont le coût de production à énormément diminué depuis 2010, avec une chute de 85 % pour le solaire / les batteries et de 55 % pour l’éolien ;
  • Réduire d’au moins 75 % l’utilisation du charbon et d’un tier celle du gaz fossile d’ici 2030 ;
  • Durcir nos politiques de lutte contre la déforestation ;
  • Rénover les parcs immobiliers afin de les rendre plus résilients en les isolant, ce qui conduira à économiser de l’énergie ;
  • Réorienter enfin les flux financiers (qu’ils soient publics ou privés) vers l’adaptation au changement climatique et son atténuation, au lieu de continuer à le destiner en majorité aux énergies fossiles ;
  • Basculer vers des formes de transport moins polluante (marche à pied, vélo, train, transport en commun) ;
  • Retravailler l’agriculture et la sylviculture afin de réduire les émissions de ces industries ;
  • Se tourner vers la plantation d’arbres et l’agroforesterie à grande échelle afin de stocker du carbone.

Sur ces deux derniers aspects, les experts tiennent cependant à modérer les attentes, car ces solutions « naturelles » pourraient avoir des impacts socioéconomiques et écologiques néfastes si appliquées à grande échelle - contre la volonté des sociétés civiles. Ils rappellent en effet que les peuples autochtones et les agriculteurs sont souvent les propriétaires des terres qui seraient concernées et devront de ce fait être impliqués dans ce processus, afin que le changement soit opéré sans conflit. Le rapport souligne d’ailleurs que « les terres ne peuvent pas compenser les retards de réductions d’émissions dans d’autres secteurs. »

Les décisions de la Cop 26 seront-elles suffisantes ?

Lors de la Cop 26 qui s’est tenue à Glasgow en novembre 2021, les Etats ont trouvé un accord autour d’un plan qui, s’il est respecté, limitera le réchauffement à 2.4 /2.7°C. Pourtant, les volets précédents des rapports insistaient sur les conséquences extrêmement néfastes de toute augmentation de températures au-delà de 1.5°C.

Pire encore, depuis le début de la guerre en Ukraine, les pays européens et occidentaux en général ont réorienté leur politique en matière d’approvisionnement en énergie fossile, envisageant de se tourner vers le gaz de schiste nordaméricain (dont l’impact sur la nature est extrêmement néfaste) ou la réouverture d’usines de production d’électricité à charbon.