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Minute Culture : partons à la découverte des pigeonniers

Pauline Picquette Publié par Pauline Picquette - le 21 juin 2021 à 19:29
pigeonnier bâtiment

Au Moyen-Age, les pigeonniers - ou plutôt les colombiers (colombarium) - étaient un signe extérieur de richesse pour les seigneurs et pour ceux qui possédaient des terres, notamment dans le Sud-ouest. Aujourd’hui, ils restent de magnifiques bâtiments, ponctuant nos paysages, surtout en Occitanie, appartenant à part entière à notre patrimoine rural. Plaisir esthétique, pas seulement : allons à la rencontre de ces pigeonniers, à travers la France !

L’origine des pigeonniers 

Au Moyen-Age, bâtir un colombier répondait à des besoins essentiels : la fiente de pigeon, appelée colombine, est un engrais naturel d’excellente qualité pour fertiliser les champs, grâce à sa teneur en azote et en acide phosphorique ; la viande du volatile est un apport conséquent en nourriture, non négligeable à cette époque et enfin, on en faisait l’élevage comme pigeon voyageur.

Comment est construit un pigeonnier ? 

Dans les pigeonniers, sont aménagées de petites cavités en pierre, ressemblant à des nids, appelés boulins. Ils peuvent accueillir, chacun, un couple de pigeons. De facto, le nombre de ces boulins était réglementé en fonction de la surface du fief (domaine) de son propriétaire, soit environ 2 boulins pour 1 ha. Plus le colombier comptait de boulins, plus le seigneur était riche et possédait de terres. 

Ce système fut supprimé en 1789, lors de la Révolution française (principale revendication de Cahiers de Doléances). En effet, au moment des semailles, les pigeons (pigeon biset) dévastaient les cultures des paysans. En principe, à ce moment de l’année, les colombiers étaient obstrués, mais pas toujours !

Des lieux choisis et des règles précises

L’emplacement du pigeonnier était choisi en fonction de critères précis : éloigné des grands arbres (qui pouvaient abriter des rapaces), à l’abri des vents dominants, indépendant des autres bâtiments et en forme de tour sur 2 étages (le dernier étant réservé aux volatiles). 

La sécurité des pigeons était essentielle : des portes d’accès hermétiques, des murs munis d’un bandeau en saillie (bande horizontale de carreaux vernissés ou de zinc), pour empêcher l’intrusion des rats, fouines et belettes, ou une façade enduite lisse.

Les différents types de colombiers

Une grande diversité architecturale caractérise les pigeonniers domestiques ou isolés ; on la retrouve en Gascogne, dans le Quercy, en Occitanie toulousaine, en Provence, mais aussi plus au nord, en Touraine, Anjou et Normandie. 

On peut distinguer le colombier carré à quadruple voûte, la tour cylindrique recouverte de tuiles canal, plates ou de lauzes… à une seule lucarne, le pigeonnier sur piliers ou sur arcades, cylindrique, hexagonal ou carré, celui monté sur un escalier à vis, le porche et la tour intégrée à l’habitation.

Visite à l’intérieur du colombier

Il est intéressant de connaître l’aménagement de l’habitat des pigeons. On y trouvait des constantes nécessaires au confort et à la sécurité des volatiles : des boulins inclus dans la maçonnerie ou des alvéoles en terre, brique ou bois fixés au mur, un garde au sol de 80 cm (pour se protéger des prédateurs), une échelle tournante pour le nettoyage et la préhension des pigeonneaux de 4 à 5 semaines (pour les manger), des abreuvoirs et mangeoires au sol et des lucarnes d’envol, sur le toit.

Le saviez-vous ?

  • Le plus grand pigeonnier et l'un des plus anciens se situe au Château d’Agnou dans les Yvelines : bâti au 16ème, il compte plus de 3 200 boulins !
  • Lors d’une alliance entre des familles nobles, la richesse de chacune était calculée grâce au nombre de boulins. Parfois, certains trichaient en ajoutant de faux boulins, d’où l’expression « se faire pigeonner » !
  • A Paris, à la fin du 19ème siècle, on mangeait plus de 2 000 000 de pigeons 
  • Quelques colombiers, parmi les centaines en France : Lauzerte, Marchiennes, Cherves, Bassillac et ceux du Tarn…