Quand les bassines suscitent l'indignation du public
Cela n’a pas pu vous échapper si vous suivez l’actualité, les bassines visant à stocker l’eau dans le bassin de la Sèvre niortaise font parler d’elles jour après jour dans la presse. Il faut dire que les oppositions sont nombreuses et les manifestations contre leur construction sont quotidiennes. Dans cet article, nous avons voulu faire le point sur ce projet, mais aussi sur les arguments avancés par les différents camps. Vous comprendrez ainsi mieux ce qui se déroule dans cette région et les différents enjeux sur la table.
Qu’est-ce que les bassines et quelle est leur utilité ?
Alors que la journée mondiale de l’eau vient de se conclure et que le 6ème rapport du GIEC vient d’être publié (il fait particulièrement état du rapport entre accélération du réchauffement climatique et violence des impacts à prévoir), les bassines sont au cœur du débat dans la Sèvre Niortaise.
Il faut dire que depuis des mois, la gestion de l’eau est un problème de plus en plus pressant en France et dans d’autres régions du monde, puisque notre territoire souffre actuellement de sècheresse intense et de longue durée.
Pour faire face à ce problème, les autorités avancent une solution : les bassines. Une mégabassine est une retenue de substitution. En d’autres mots, il s’agit d’un réservoir d’eau artificiel qui permet de stocker plusieurs milliers de litres de liquides grâce à son fond plastifié et imperméable. D’où vient l’eau permettant d’alimenter ces bassines pouvant pour certaines accueillir l’équivalent de 300 piscines olympiques ? Des cours d’eau qui sont déviés en partie, mais aussi des nappes phréatiques d’où le liquide est pompé.
L’idée est que lorsqu’une région fait face à une sècheresse particulière, les agriculteurs puissent tout de même arroser leurs champs et s’assurer ainsi de pouvoir alimenter les populations.
Pourquoi les bassines suscitent-elles une telle indignation du côté des agriculteurs alors ?
En France, une quinzaine de réservoirs sont déjà prêts ou bien en cours de construction, mais le projet de réalisation du 16e modèle a mis le feu aux poudres. Les agriculteurs, associations écologistes ainsi que quelques chercheurs s’alarment en effet et expliquent que ces projets sont des aberrations à plusieurs niveaux. Leurs arguments ?
- L’eau de ces piscines géantes s’évaporera en quantité en été, alors qu’elle aurait été protégée contre ce phénomène en profondeur ;
- Pomper l’eau des sous-sols pourrait dégrader encore plus la situation en asséchant encore davantage le terrain ;
- L’eau exposée au soleil perd en qualité et peut être envahie des micro-organismes néfastes pour la santé des récoltes et du bétail ;
- Ces bassins offrent un parfait environnement pour la prolifération d’espèces envahissantes et pourraient donc bouleverser les écosystèmes ;
- Dans le cas où le projet serait un succès, les agriculteurs n’auraient pas à changer leurs pratiques et continueraient à consommer tout autant, car l’accès serait facile ;
- Enfin, les petits agriculteurs redoutent un accaparement de cette précieuse denrée par les exploitations agricoles géantes qui auraient davantage de poids.
Le parti politique écologiste français de centre gauche Génération Ecologie juge que les autorités sont à l’heure actuelle en train de faire preuve de climato-obscurantisme. Elle a exigé un moratoire sur la construction des retenues de substitution afin que la décision soit prise de façon parfaitement informée.