Écologie | Sècheresse et agriculture : l'année 2023 sera-t-elle difficile ?
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Sècheresse et agriculture : l'année 2023 sera-t-elle difficile ?

Laura J. Publié par Laura J. - le 8 mars 2023 à 08:00
Sècheresse et agriculture : l'année 2023 sera-t-elle difficile ?

Nous nous en rappelons tous, l’année 2022 avait été marquée par une sécheresse rarement observée jusqu’alors. Il faut dire qu’il s’agissait de la seconde année la plus sèche depuis que des mesures aient été enregistrées, c’est-à-dire depuis 1959. D’importantes conséquences ont alors pu être constatées sur les récoltes dont le rendement a fortement diminué. En ce mois de février 2023, alors même que nous nous trouvons au cœur de l’hiver, les spécialistes du climat nous alertent sur une situation inquiétante. Le déficit en pluie est très important, ce qui est de mauvais augure pour l’agriculture et les récoltes de l’année à venir !

Un épisode de sècheresse d’une intensité rarement observée

 

Des rivières à sec au cœur du Var, des lacs dont le niveau d’eau est à son minimum, des sols craquelés : alors que l’eau devrait être plus que présente dans ces milieux au beau milieu de l’hiver, les climatologues semblent être inquiets. En ce mois de février, une grande partie de l’Hexagone n’a pas enregistré de pluie significative depuis 30 jours. Un anticyclone se trouvant au-dessus de la France semble en effet repousser encore et encore les perturbations en dehors du pays.

Conséquence ? Depuis août 2021, seuls les mois de décembre 2021, puis juin et septembre 2022 ont été arrosés comme à l’accoutumée. En dehors de ces mois-là, les précipitations ont été déficitaires. Alors que les agriculteurs comptaient sur cet hiver 2023 pour que les chutes d’eau reprennent, ils ont malheureusement à essuyer un énième record de sécheresse.

Les spécialistes du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ne peuvent pas avec certitude lier ce phénomène au réchauffement climatique, mais ils ont clairement établi depuis des années que la fréquence ainsi que l’intensité des épisodes de sécheresse n’iraient qu’en s’accélérant.

Quelles conséquences pour l’agriculture ?

Pour faire pousser des denrées, il n’y a pas de secret, il faut du soleil mais aussi de l’eau. Cette eau, nous la puisons dans des réservoirs comme des lacs, des fleuves ou des nappes phréatiques. Or, quel que soit le type de réservoir observé, la situation semble être inquiétante.

Le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) alertait déjà en janvier dernier (avant même que la pluie soit déficitaire en hiver) sur la situation des nappes phréatiques qui était jugée critique. Cet institut estimait que les trois quarts de ces nappes se trouvaient sous les normales mensuelles.

La situation du côté des lacs n’est pas plus réjouissante. Le Dr Serge Zaka expliquait par exemple dans un tweet : « En Ariège, le lac de Montbel enregistre un déficit abyssal de... -80% ! Pourtant, l'irrigation de 36 000 ha de cultures dépend de ce réservoir... ».

Cette sécheresse pourrait donc avoir un impact très fort sur deux éléments de l’agriculture en particulier :

  • Les fourrages : suite à l’épisode de 2022, les éleveurs de l’Hexagone n’ont pas pu constituer de stocks pour cette année-ci. Ils avertissent qu’ils ne disposeront plus de quoi donner aux animaux si des pluies importantes ne se font pas voir entre mars et avril ;
  • Les plantes mises en terre au début du printemps : le tournesol, le maïs ou encore le sorgho sont plantés à la belle saison et récoltés en automne. Or, si les semis ne sont pas déposés dans une terre assez riche en eau, la germination puis la croissance en souffriront, ce qui fera chuter les rendements de manière dramatique.