Écologie | Les méga-bassines en France : quelques clés pour mieux comprendre ce débat
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Les méga-bassines en France : quelques clés pour mieux comprendre ce débat

Pauline Picquette Publié par Pauline Picquette - le 28 nov. 2022 à 18:00
eau agriculture

Le sujet fait actuellement débat dans l’opinion publique. Des milliers de manifestants protestent contre les chantiers d’une méga-bassine agricole, ces dernières semaines. Pourquoi ces « réserves de substitution » sont-elles tant contestées ? Les 2 camps s’opposent sur le terrain et argument au mieux. Explications pour mieux en comprendre les enjeux.

Qu’est-ce qu’une méga-bassine ?

Ce sont des bassines (ou bassins) géantes qui occupent plusieurs hectares de terres agricoles et sont recouvertes de bâches. Elles sont destinées à des agriculteurs réunis en coopérative et doivent servir de réserve d’eau pour les cultures en été

De facto ces bassines ne seront pas remplies avec l’eau de pluie (dans ce cas de figure, il n’y aurait pas débat), mais le principe est tout autre : l’eau est prélevée directement dans les nappes phréatiques, l’hiver (de novembre à mars) quand leur niveau est élevé, au moyen de canalisations. L’été (quand l’eau fera défaut), les agriculteurs vont utiliser cette eau excédentaire pour irriguer leurs cultures, au lieu de la puiser dans les cours d'eau.

Cependant, il y a une contrepartie : les agriculteurs s’engagent à adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement par la plantation de haies, la construction de corridors écologiques pour les animaux, la réduction des pesticides, le passage en agriculture biologique…

Les arguments des militants anti-bassines

  • Le principal argument avancé est « un accaparement de l’eau », en puisant dans les nappes, par l’agro-industrie, et par conséquent un désastre écologique, au vu du réchauffement climatique et des sécheresses à répétition.
  • Ces réserves d’eau potable sont désormais à l’air libre et donc soumises à l’évaporation, surtout l’été aux chaleurs caniculaires (30 à 50%).
  • L’eau, normalement potable en sous-sol, sera sujette à diverses pollutions aériennes ou autres.
  • Elles accentuent les disparités et inégalités entre les régions et les agriculteurs.

Et les défenseurs du projet ?

  • Les agriculteurs des départements concernés (les Deux-Sèvres, La Vendée, l’Isère), où les sécheresses sont de plus en plus fréquentes, comptent sur ces réserves pour irriguer leurs cultures et ne pas perdre les récoltes.
  • Les bassines sécurisent les filières à haute valeur ajoutée (semences, légumes industriels, élevage…) et sont porteuses d’emplois.
  • Les pompages hivernaux dans les nappes phréatiques auraient un impact négligeable sur le cycle de l’eau en hiver.

Les méga-bassines en France : un projet qui questionne et qui divise

Comme on peut le constater, chacun défend sa position, d’un côté des arguments environnementaux, de l’autre, des raisons économiques. A savoir que les scientifiques n’ont pas de recul et disposent de peu de données pour évaluer l’impact exact de ces méga-bassines.

Avec le changement climatique et dans un monde de plus en plus chaud, l’eau, ce bien commun et précieux, est au centre du débat et de la polémique.

Dans les Deux-Sèvres (à Sainte-Soline), 16 méga-bassines doivent être construites (pour 400 agriculteurs) pour un coût total de 60 millions d’euros, financé à 70% par les subventions publiques. La plus grande de ces réserves d’eau aura une capacité de 650 000 m3, soit l’équivalent de 260 piscines olympiques.