Écologie | Quand la France mise sur la biométhanisation
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Quand la France mise sur la biométhanisation

Laura J. Publié par Laura J. - le 10 mai 2023 à 08:00
Quand la France mise sur la biométhanisation

Ce n’est plus un secret, l’élevage des animaux est l’un des secteurs les plus polluants de la planète. Une nouvelle pratique a toutefois émergé en France depuis une dizaine d’années et tente de limiter les dégâts. Comment ? Par le biais de la biométhanisation. Vous ne savez pas encore en quoi consiste cette technologie novatrice qui s’inscrit pleinement dans la stratégie nationale de transition écologique et de volonté de souveraineté énergétique ? Nous vous présentons cette méthode, les espoirs qu’elle suscite et ses limites dans cet article simple et complet !

Qu’est-ce que le méthane ? Qu’est-ce que la biométhanisation ?

Le méthane, c’est ce gaz naturel fossile qui peut être très couteux en énergie pour être extrait des entrailles de la terre, et que nous devons importer des quatre coins de la planète – principalement de Russie. Et bien nous disposons désormais d’une alternative pour nous en procurer en France. Vous le savez très certainement, les excréments de certains animaux d’élevage (notamment des bovins) produisent du méthane qui est relâché dans l’atmosphère. Et bien ce méthane peut être capté et réutilisé.

C’est là que le processus de biométhanisation entre en œuvre. Les effluents d’élevage et les déchets alimentaires peuvent en effet être traités d’une façon particulière pour produire ce gaz. Nous pourrons ensuite le conserver et l’utiliser à notre guise. Une filière entière s’est constituée et reproduit ce processus biologique de fermentation de matières organiques afin d’obtenir ce gaz vert.

Une technologie qui affiche de beaux résultats

A l’heure actuelle, alors qu’elle n’en est encore qu’à ses balbutiements, cette filière novatrice est déjà parvenue à atteindre à l’échelle nationale la capacité de production d’énergie d’un réacteur nucléaire.  

A ce jour, un agriculteur équipé peut couvrir les besoins d’environ 100 foyers alentour. On estime que si tout est fait pour développer cette industrie, les éleveurs pourraient couvrir 20 % des besoins en méthane de la France d’ici 2030.

L’autre atout de cette technologie qui utilise principalement les bouses des animaux, c’est que les résidus (appelés digesta) peuvent être réemployés pour venir alimenter la terre en nutriments.

Rappelons qu’à partir de 2024, la collecte des déchets alimentaires des foyers français sera obligatoire. Les acteurs du marché de la biométhanisation pourront donc compter sur une quantité de matières premières toujours plus importante pour produire ce méthane vert !

Les éleveurs ne seront pas les seuls à transformer les déchets en méthane. Les collectivités locales elles aussi vont s’y mettre par le biais d’unités de méthanisation. Elles vont ainsi profiter de cette manne que sont les déchets alimentaires pour injecter dans le réseau public de distribution de gaz (destiné principalement au chauffage des logements) une quantité non négligeable de méthane vert qui remplacera le méthane fossile. Elles distribueront ensuite aux éleveurs le digesta pour qu’ils puissent alimenter leurs terres.

La biométhanisation, c’est pas tout vert…

Si le gaz vert – opposé au gaz fossile – est perçu par le public comme une solution écologique et non polluante, il convient de modérer notre façon de voir les choses. Brûler du méthane (qu’il soit fossile ou non), c’est relâcher dans l’atmosphère du CO², le biogaz contenant environ 55 % de méthane et 45 % de CO². En produire sur le territoire permettra donc d’éviter d’en importer depuis l’autre bout de la planète, mais du dioxyde de carbone sera toujours émis lors de notre consommation.