Écologie | « Tueurs d’abeilles » : tout comprendre sur les pesticides néonicotinoïdes
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« Tueurs d’abeilles » : tout comprendre sur les pesticides néonicotinoïdes

Pauline Picquette Publié par Pauline Picquette - le 9 févr. 2023 à 11:55
abeilles pesticide

Grand sujet de discorde et d’actualité sur la biodiversité : faut-il interdire ou non les « néonicotinoïdes » pour protéger les abeilles et autres pollinisateurs ? Mais de quoi parle-t-on ? Pourquoi tant d’opposition pour ces produits plutôt que d’autres ? Essayons d’y voir plus clair.

Qu’appelle-t-on les « néonicotinoïdes » ?

La plupart des pesticides ont pour objectifs de protéger les cultures. Donc, ils participent à la lutte contre les insectes nuisibles, les champignons, les moisissures et les adventices. On compte 3 catégories de pesticides : les insecticides, les fongicides et les herbicides.

Pour les insecticides, la famille des néonicotinoïdes est composée de 7 molécules. Elles représentent 40% du marché mondial des insecticides agricoles.

La différence entre insecticides et néonicotinoïdes réside dans leur mode d’utilisation, déployé à grande échelle dans les années 1990.

  • La majorité des produits classiques sont utilisés en pulvérisation, épandus sur les cultures, ils luttent contre les maladies et les rongeurs dans les champs.
  • Les néonicotinoïdes, eux, sont le plus souvent en enrobage de semences de manière préventive sur les céréales (maïs, blé, orge…). Ils sont appelés « systémiques » car le toxique circule dans tout le système vasculaire de la plante, feuilles, pollen ou nectar.

Quels sont les effets sur l’environnement ?

  • Ils agissent à des doses très faibles sur le système nerveux central des insectes en général et en particulier les abeilles et les bourdons. Les conséquences sont désastreuses : elles ne sont pas tuées, mais les substances du pesticide altèrent leur sens de l’orientation, leur faculté d’apprentissage, leur capacité de reproduction, donc de détruire les ruches, car elles ne reviennent pas vers l’essaim. Un comble ! Les abeilles butinent de préférence les plantes contaminées que les autres, au lieu de les éloigner !
  • Seul 10% en moyenne du produit qui enrobe les semences est absorbé par la plante traitée… 90% reste dans les sols et persiste plusieurs années. Les champs traités sont durablement contaminés et certaines molécules (solubles dans l’eau) peuvent « migrer » et imprégner l’environnement autour.
  • Leur usage fragilise l’ensemble des écosystèmes en s’attaquant aux invertébrés du sol, la microfaune des cours d’eau et les batraciens.
  • Leur emploi serait l’une des causes du déclin considérable des oiseaux des champs (moins 50% depuis 30 ans)…les insectes devenant rares les priveraient de nourriture.

Les néonicotinoïdes et la législation en France

Au niveau européen, la France reste le second consommateur de pesticides en volume après l’Espagne, et le 9ème/ha. Dès 2023, l’usage des « tueurs d’abeilles » est interdit sur les cultures de betteraves à sucre (seul pays du monde !). Victoire pour les associations des écologistes… mais « une catastrophe » pour les agriculteurs qui auront du mal à s’en passer ! Il n’existe aucun traitement efficace pour remplacer ces pesticides neurotoxiques.

Les chiffres : 120 millions de tonnes vendues en 1999, mais toujours 63 millions en 2011… une « fausse » diminution car en effet, les pesticides sont utilisés en plus faibles doses, mais toujours aussi efficaces ! 30% des colonies d’abeilles disparaissent chaque année en France à cause des pesticides, principalement dues aux néonicotinoïdes (NNI).