Changement brutal de température : la première offensive froide en septembre 2024
Alors que l'été paraissait vouloir jouer les prolongations, une vague de froid inattendue a soudainement frappé l'Europe en cette mi-septembre 2024. Le froid s'est installé sur la France et une large partie de l'Europe de l'Ouest, provoquant un changement climatique brutal bien avant l'arrivée officielle de l'hiver.
Origine de cette chute des températures
À partir du 10 septembre, les thermomètres de toute la France et de l’Ouest de l’Europe ont connu une baisse significative, causée par un système dépressionnaire s'étendant de la mer de Norvège jusqu'aux Alpes. Cela a orienté les flux atmosphériques au nord, permettant ainsi à des masses d'air glacial, venues tout droit du Groenland et de l'Islande, de s'engouffrer sur notre territoire.
Si en début de mois les températures étaient plutôt au-dessus des normales de saisons, des anomalies thermiques notables ont ensuite été enregistrées, avec une journée du 13 septembre affichant une température nationale inférieure de 5°C par rapport aux moyennes saisonnières. Cet événement météorologique a donc laissé sa marque en devenant la journée la plus fraîche pour une première moitié de septembre depuis le début du siècle en France.
L'air froid arrive
Dès les premiers jours de cette descente glaciale, les températures minimales ont chuté, notamment dans la moitié nord de la France où elles se rapprochaient de zéro dans certains endroits, entraînant les premières gelées dès 600-700 mètres d’altitude. Seules les régions situées près de la Méditerranée ont réussi à conserver des valeurs minimales légèrement plus élevées, dépassant timidement les 10°C le matin.
L’après-midi, le thermomètre affichait à peine plus de 15 °C au meilleur de la journée dans le Nord-Est. Autour de la Méditerranée, les 20 °C n’ont pas été dépassés. Les moyennes à la mi-septembre sont pourtant comprises entre 20-22 °C sur la moitié Nord, 23-25 °C dans le Sud-Ouest et 25-27 °C dans le Sud.
Influence des vents forts
L'arrivée de cet air froid a également provoqué une accélération des vents le long de certains corridors géographiques français. Le Mistral et la Tramontane se sont intensifiés, atteignant des vitesses impressionnantes de 130 km/h au Cap Cépet, par exemple, ou 186 km/h à Cagnano, en Corse. Ces vents ont engendré un phénomène d'upwelling en mer Méditerranée.
Ce phénomène particulier, où le vent chasse les eaux chaudes de surface, fait remonter vers la surface des eaux beaucoup plus froides depuis les profondeurs maritimes. Le résultat ? Une chute spectaculaire de la température de l'eau, perdant parfois jusqu'à 10°C en quelques jours, comme autour de Marseille où elle est passée de 25 °C à seulement 15 °C en 5 jours !
Effet sur les écosystèmes marins
La diminution rapide de la température de l'eau impacte directement les écosystèmes marins. Les ressources alimentaires changent, affectant les communautés aquatiques, et peuvent modifier temporairement la répartition des espèces marines. Certaines espèces peuvent également se trouver en hypothermie et se retrouver en difficulté comme les tortues Caouannes.
Les premières chutes de neige
Ce froid a entraîné les toutes premières chutes de neige en montagne, dès 1300-1400m sur les Alpes et le Jura notamment. Au-delà de 1800m, une couche de plusieurs centimètres s’est déposée principalement sur les massifs Savoyards et Hauts-Savoyards. Une situation moins impressionnante que celle observée sur les Alpes Autrichiennes, concernées par une goutte froide (liée à la tempête Boris) fortement chargée en humidité, qui a provoqué d'impressionnantes chutes de neige. On a relevé près d’1 mètre de neige dès 700m d'altitude par endroits.
Réflexions sur le climat futur
Cet épisode hivernal anticipé suscite la réflexion quant à la variabilité climatique croissante. Bien que ce phénomène spécifique puisse s’expliquer par des conditions atmosphériques exceptionnelles, il souligne la nécessité d'être attentifs aux indications de changements climatiques à long terme et leurs impacts potentiels.
Il y a tout juste un an, une intense vague de chaleur, voire une canicule tardive, frappait la France. La première moitié de septembre 2023 avait été la plus chaude jamais enregistrée dans le pays. Des centaines de records de chaleur mensuels avaient été battus, parfois sur plusieurs jours consécutifs, dans des stations météorologiques avec des séries de données remontant à plusieurs décennies, voire un siècle. À Paris, les températures avaient même franchi les 35 °C pour la première fois les 8 et 9 septembre 2023.