Comment le plastique décomposé attire les oiseaux marins affamés
Les oiseaux marins seraient particulièrement victimes de la pollution des océans. Des chercheurs américains viennent en effet de montrer que le plastique décomposé pouvait émettre une odeur similaire à celle du plancton.
Le sulfure de diméthyle rappelle l’odeur du plancton
En 2014, un quart de billion de tonnes de matières plastiques flottaient dans les océans. Outre les dégâts immenses provoqués sur l’environnement, ces déchets sont une menace constante pour plus de 200 espèces animales qui s’en nourrissent, et peuvent finir par en mourir. Des chercheurs se sont récemment intéressés à l’impact de la décomposition de ce plastique sur certains animaux. Dans une étude publiée dans la revue Science Advances, ces derniers affirment en effet que lorsqu’il se décompose dans l’eau de mer, le plastique aurait l’odeur du plancton, attirant toujours plus les oiseaux qui en consomment.
Pour parvenir à ce constat, ces chercheurs ont utilisé trois types de plastiques différents, qu’ils ont placés dans des sacs distincts, dans plusieurs baies californiennes. Après décomposition, les chercheurs se sont livrés à une analyse qui a révélé que ce plastique avait produit un composé chimique appelé sulfure de diméthyle ou diméthylsulfure (DMS), connu pour entrer également dans la composition du zooplancton.
En se nourrissant de plastique, les oiseaux parviennent à la satiété, et à la mort
Cette découverte n’a rien d’anecdotique, puisque de nombreux oiseaux se servent de leur odorat, parfois surdéveloppé, pour chercher du plancton. C’est le cas de nombreux procellariiformes (albatros, pétrels, puffins etc.), qui sont capables de le détecter, même en très petite quantité. « Les espèces utilisant l’odorat pour se nourrir sont 5 à 6 fois plus enclins à manger du plastique que les espèces qui n’ingèrent pas habituellement du DMS », résume ainsi Matthew Savoca, principal auteur de cette étude.
Selon les chercheurs, 99 % des oiseaux marins mangeront du plastique au moins une fois d’ici 2050. Un constat alarmant, dans la mesure où l’ingestion de ces matières peut conduire à la mort de ces animaux. « À court terme, l’ingestion de plastique induit une impression de satiété chez l’animal, qui ne va plus manger », et donc se laisser mourir de faim, explique encore le chercheur, qui espère que cette étude conduira à de nouvelles mesures pour dépolluer les océans des matières plastiques.
À lire aussi : Déchets vs poissons 2050