Écologie | Pollution lumineuse : arrêtons d’ « allumer la lumière » !
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Pollution lumineuse : arrêtons d’ « allumer la lumière » !

Pauline Picquette Publié par Pauline Picquette - le 28 août 2023 à 18:00
pollution lumineuse

La pollution lumineuse, sur notre planète, continue de s’aggraver. Le dérèglement dans l’alternance jour/nuit a des effets alarmants sur la biodiversité et sur notre santé. Essayons d’y voir plus clair.

Pollution lumineuse : de quoi parle-t-on ? 

La pollution lumineuse ? C’est la diffusion dans l’atmosphère de l’excès de lumière provenant de sources lumineuses artificielles, émises par les centres urbains, lumières intérieures et extérieures dans les habitations et bâtiments, de la signalisation aérienne et maritime et de l’éclairage public. Ce qui entraîne une augmentation de la luminosité dans le ciel nocturne.

Quelles sont les causes ?

La principale raison est la mauvaise utilisation de l’illumination artificielle. Comment ?

  • Par des lampadaires, qui sont mal conçus, et donc éclairent le ciel au lieu du sol;
  • Par des projecteurs ou des lasers,
  • Par un éclairage excessif des magasins ou panneaux à des fins publicitaires.

Et les conséquences...

La plus directe et immédiate est la dégradation du ciel nocturne et sa perte de visibilité. Quand il est trop important, le ciel devient rouge/orangé. Mais aussi :

  • La perte énergétique et économique (abus de consommation des ressources naturelles nécessaires à sa réalisation)
  • La production d’une grande quantité de déchets
  • L’altération des rythmes naturels de nombreuses espèces en modifiant leurs biorythmes d’activité/repos (notamment chez les animaux nocturnes)
  • La modification des biorythmes chez les personnes qui peuvent produire de la fatigue, des insomnies, de l’anxiété, de l’obésité (diminution de la mélatonine)

Petit tour du monde de la pollution lumineuse

La surface du globe éclairé artificiellement augmente de 2,2% chaque année.

  • En Europe : Le continent est victime d’un effet rebond avec l’emploi massif des LED *; ironie de sort : ces lampes très sobres en énergie et de longue durée (40 000 h/2 000h pour un halogène) incitent les pouvoirs publics à les utiliser davantage et à prolonger l’éclairage.
  • Aux Etats-Unis : 80% des habitants ne peuvent plus apercevoir la Voie Lactée…
  • En Afrique subsaharienne : L’électrification est en plein essor… 32% de la population ont accès à la « lumière » électrique, mais qu’en sera-t-il dans une décennie à ce rythme ?
  • Quatar, Koweit, Singapour, Malte, les habitants ne peuvent plus admirer les étoiles…100% de pollution lumineuse.
  • Cap Vert : Un exemple frappant de l’impact de cette pollution sur la biodiversité ! Les tortues sont désorientées et troublées par un littoral très éclairé, les bébés ne retrouvant pas la mer. Sont aussi les oiseaux migrateurs, insectes pollinisateurs et même les végétaux.

Une prise de conscience...

Cependant, quelques pays ont pris conscience de cette pollution lumineuse et adoptent une position « vertueuse » :

  • L’Allemagne développe une politique très sobre en éclairage public : autoroutes et parcs urbains sans lumière, le tout, sans poser de problème de sécurité.
  • Le Chili a mis en place un « Sanctuaire » de ciel étoilé, très pur, dans la vallée de l’Elqui sur 364 km2… Il en existe d’autres de par le monde : 12 « Réserves » internationales de ciel étoilé (en France, le Pic du Midi).

Un chiffre, pour terminer : 23% des terres émergées (hors Antarctique) connaissent des nuits polluées par la lumière artificielle.

La pollution a changé de nature : en effet, les lampes à sodium, émettant un halo orangé, cèdent la place à la lumière bleutée des LED ; ce nouveau spectre lumineux se répand encore plus facilement dans l’atmosphère, posant des questions de santé publique, notamment.